Une journée de recherche avec 5 espèces de baleines

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Une grande diversité de baleines dans la région de Mingan

Notre dernière expédition de recherche (26 juillet) dans la région de Mingan nous a réaffirmé la situation critique des baleines franches de l'Atlantique Nord, mais a également dévoilé un spectacle captivant sur la diversité des baleines à fanons dans la région, y compris le plus grand animal de la planète, la baleine bleue. 

L'équipe MICS a constaté la présence de cinq espèces de baleines à fanons, chacune contribuant au riche écosystème marin de la région. Parmi elles, les petits rorquals (Balaenoptera acutorostrata), très agiles, se nourrissent en glissant dans l'eau, leurs nageoires pectorales blanches distinctives scintillaient au soleil. 

Les grands rorquals communs (Balaenoptera physalus), une espèce connue pour sa vitesse impressionnante et son apparence aérodynamique, ajoutaient encore au spectacle. L'observation de ces magnifiques animaux réaffirme l'importance de la région de Mingan en tant que zone d'alimentation vitale pour les baleines à fanons.

Enfin, la rencontre spéciale avec les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae). Parmi les trois baleines à bosse observées, un individu s'est distingué : H878. Cette baleine à bosse bien connue est devenue un animal familier pour l'équipe MICS au cours du dernier mois, car elle reste dans une certaine zone de la région de Mingan.

La présence de ces diverses espèces de baleines à fanons souligne l'importance de préserver et de protéger la richesse du Saint-Laurent. Elle indique clairement que les efforts de conservation déployés pour protéger ces animaux donnent des résultats positifs. Néanmoins, il est crucial de maintenir et de renforcer ces efforts de conservation afin d'assurer la pérennité de ces géants des mers et de leur environnement naturel.

 

Impact anthropique sur la baleine franche de l'Atlantique Nord 

Lors de notre dernière expédition de recherche dans la région de Mingan, notre équipe MICS a observé deux baleines franches de l'Atlantique Nord (Eubalaena glacialis), EG3380 (Lemur) et EG1307. Si cette rencontre a sans aucun doute été un moment passionnant pour les chercheurs, elle a également mis en lumière une préoccupation urgente : l'impact anthropogénique sur ces magnifiques créatures.

Parmi les deux baleines franches observées, Lemur (EG3380) portait une marque évidente indiquant une rencontre directe avec les activités humaines. Cette sombre observation met en évidence les graves conséquences des interactions entre l'homme et la vie marine et souligne l'urgence des efforts de conservation.

Il est inquiétant de constater qu'il ne s'agit pas d'un incident isolé. Un pourcentage alarmant de 90 % des baleines franches de l'Atlantique Nord ont été victimes d'un empêtrement, tant chez les femelles que chez les mâles. Un autre désastre est l'observation de baleines franches de l'Atlantique Nord ayant subi plusieurs empêtrements au cours de leur vie, jusqu'au nombre ahurissant de 9 ! 

Les baleines franches, qui nagent lentement et passent la majeure partie de leur temps près de la surface de l'eau, sont particulièrement vulnérables à cette menace. L'empêtrements dans les engins de pêche peut entraîner des blessures graves, voire la mort, tandis que les collisions avec les navires et la pollution sonore due aux activités maritimes constituent un risque important pour leur survie.

La situation exige une action immédiate et une sensibilisation accrue de la part des décideurs politiques et du public. Des mesures telles que des restrictions saisonnières de la pêche dans les habitats connus des baleines, des limitations obligatoires de la vitesse des navires et une surveillance acoustique visant à réduire la pollution sonore peuvent contribuer grandement à la sauvegarde de ces créatures emblématiques. En outre, la collaboration entre les chercheurs, les organisations de protection de la nature et les industries de la pêche et du transport maritime est essentielle pour mettre en œuvre des solutions efficaces.

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Observations connues de baleines bleues

Le rorqual bleu, le plus grand animal de la planète, a toujours été un sujet de fascination, et chaque observation représente une occasion unique d'approfondir notre compréhension de ces animaux.

Au début de la recherche 2023 dans le Saint-Laurent, les biologistes marins ont été accueillis par un événement important : la première observation d'un rorqual bleu (Balaenoptera musculus) pour cette année dans le secteur de Matane, connu sous le nom de B200. Observé et identifié pour la première fois en 1989, nos chercheurs l'ont également observé en 1991, 1993, 2004, 2007, 2008, 2014, 2015, 2016, 2019, 2020 et 2022.

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En plus de l'observation de B200 par le MICS, une autre observation a été faite par l'équipe du GREMM dans l'estuaire : la présence de la Galinule (B236). Cette baleine bleue mâle, nommée ainsi en raison de la marque d'un pied de Galinule sur sa nageoire dorsale, vue et identifiée pour la première fois en 1992, avait été repérée dans la région en 1993, 2001, 2004, 2006, 2009, 2011, 2013, 2016.

Ce gigantesque mammifère marin a fait l'objet d'une chasse intensive à l'époque de la chasse à la baleine, poussant sa population au bord de l'extinction. Cependant, des décennies d'efforts de conservation et des mesures de protection rigoureuses ont permis un rétablissement progressif de leur nombre, même s'il reste encore des défis à relever.

Le fleuve Saint-Laurent joue un rôle crucial dans la vie de ces doux géants. Il constitue une aire d'alimentation essentielle pour les rorquals bleus, qu'il attire grâce à l'abondance de krill et d'autres petits organismes marins. Les efforts visant à préserver et à protéger cet habitat essentiel sont primordiaux pour assurer la présence continue et le bien-être des baleines.

Nos recherches sur les baleines bleues de la région fournissent des informations précieuses sur leur comportement, leurs schémas de migration et la dynamique de leur population. Ces connaissances sont indispensables pour formuler des stratégies de conservation efficaces pour cette espèce menacée.

Si les observations de B200 et de Galinule (B236) sont une raison de se réjouir, elles nous rappellent également notre responsabilité de protéger ces géants marins vulnérables. La poursuite de la surveillance, de la recherche et des efforts de conservation concertés est essentielle pour garantir leur avenir et préserver la riche biodiversité de nos océans.