Un été de vastes étendues océaniques vides

 

 

Pour la deuxième année consécutive, les observations estivales des baleines sont faibles, avec seulement une poignée d’individus observés par notre équipe. La saison a finalement vraiment commencé le 9 août lorsque nous avons vu en une seule journée au moins 6 baleines à bosse, 3 petits rorquals, 2 rorquals communs et notre premier rorqual bleu de l'année !

Depuis cette date, des individus des différentes espèces de baleines du Saint-Laurent ont été aperçus presque tous les jours, et nous avons bénéficié de journées en mer calme et agréables où même les marsouins communs se distinguaient à proximité. Malheureusement, aucune baleine franche n'a encore été aperçue, malgré notre couverture en mer étendue. Nous continuons à chercher et à espérer une rencontre avec certains individus de cette espèce rare.

Voici quelques faits marquants de ces derniers jours :

CÉDILLE – H144
La baleine à bosse femelle Cédille – H144 a été observée par notre équipe le 11 août. Identifiée pour la première fois en 1988, elle est aperçue presque tous les ans dans le Saint-Laurent. De plus, elle a donné naissance à au moins 7 baleineaux et est probablement la grand-mère de quelques-unes des plus jeunes baleines à bosse que l'on peut observer dans le Saint-Laurent aujourd’hui.


Il faut jusqu'à 10 ans pour que les baleines à fanons deviennent sexuellement matures et, lorsqu'elles sont enceintes, elles ont une période de gestation de 10 à 11 mois. Même si la chasse à la baleine a presque complètement cessé, ces géants sont toujours menacés par les filets de pêche, les collisions avec les navires, les bruits et perturbations de circulation d'origine humaine, ainsi que les polluants persistants. Des individus comme Cédille sont vitaux pour la santé des populations locales.


PULSAR – B036
Le 17 août, nous avons croisé la route d’un imposant et mature rorqual bleu mâle connu sous le nom de Pulsar - B036. Identifié pour la première fois en 1981, il a été aperçu principalement dans l’Estuaire. C'est la première fois que notre équipe le repère dans le passage Jacques-Cartier.

 

Le fait qu'il soit en dehors de son aire de répartition régulière peut indiquer un besoin de voyager plus loin pour localiser la nourriture qu'il avait l'habitude de trouver dans l'estuaire. La dispersion accrue des baleines à fanons a été une tendance générale au cours des dernières années.

JAW-BREAKER – B246 ET SON BALEINEAU

Enfin, mais pas des moindres : le 10 août, une paire mère-baleineau bleue a été signalée par le GREMM dans l'Estuaire au niveau du Cap Bon-Désir entre Les Bergeronnes et Les Escoumins.

La mère Jaw-Breaker – B246 est bien connue dans le Saint-Laurent et l'Estuaire en particulier. Le baleineau quant à lui mesure 14,59 m de long avec une queue de 3,55 m de large et pourrait avoir environ 6 mois. Il est son deuxième connu, le premier avait été observé lors du baby-boom bleu de 2018.

  

Jaw-Breaker (littéralement “casse-mâchoire”) a été baptisée par une de nos anciennes membres d’équipe, Catherine Berchok, à cause d’un large cercle qui lui rappelait ce fameux bonbon dur. Elle a été identifiée pour la première fois en 1991 et est aperçue dans la région presque chaque année depuis.

 

Facile à reconnaître grâce sa dorsale pâle et aux cicatrices blanches situées sur le bord d'attaque de sa queue, elle fait partie des quelques 18 % de rorquals bleus du Saint-Laurent qui montrent leur queue lorsqu'ils plongent.


Avec ses 22,23m de long pour une queue de 5,3m de large, elle n'est pas la plus grande des femelles de l'estuaire. Cela ne l'empêche cependant pas d'indiquer clairement sa réticence et son irritation envers un mâle indésiré. RS se souvient l'avoir aperçue il y a quelques années alors qu'elle était approchée par Pulsar mentionné ci-dessus. Après un certain nombre d’apparitions à la surface en paire, elle indiquait avec insistance qu'il devait s’en aller. 

Une nouvelle paire mère-baleineau bleue est toujours la bienvenue : les rorquals bleus sont mondialement classés en voie de disparition sur la liste rouge de l'UICN, et en 44 ans, ce n'est que le 35e baleineau identifié dans les eaux de l'est du Canada.

 

Espérons que le reste de la saison apportera plus de bonnes nouvelles et de données sur lesquelles travailler. A suivre !

 

Empty wide seas