Etude sur l'empêtrement : deuxième année

 

En 2018, nous avions testé une nouvelle méthode pour étudier le taux d’empêtrement des rorquals communs et des rorquals bleus à l’aide de drones. Alors que les empêtrements étaient considérés comme une faible menace pour les animaux, il s’était avéré que nous avions sous-estimé ce problème. En effet, entre 42 et 52 % des rorquals communs photographiés par drone en 2018 possédaient des marques liées à un empêtrement dans du matériel de pêche. Pourquoi cette menace a-t-elle été sous-estimée jusqu'à présent? Notre capacité d’observation à partir d’un bateau est limitée par le fait que ces deux espèces ne lèvent pas (ou peu) la queue et le pédoncule hors de l’eau lorsqu’elles plongent, qui sont les parties du corps les plus susceptibles d’accrocher les engins de pêche, et donc d’exhiber plus de cicatrices dues à l’empêtrement. L'avènement de la technologie des drones a donc vraiment changé la donne pour l’étude de ces espèces, nous donnant alors une toute nouvelle perspective ! Au-delà de l’étude sur les empêtrements, la vision aérienne des rorquals communs nous donne davantage d’informations au niveau du chevron (pigmentation claire juste derrière la tête), facilitant le travail d’identification des individus. Pour plus d’informations sur les résultats de la première année, nous vous invitons à consulter notre article : « Étude sur l'empêtrement des rorquals communs: Résultats de la 1ère année »

 

aerial view

Vue aérienne d’un rorqual bleu, 2019  MICS photo

 

Cette année fut peu clémente en termes de météo. En effet, nous avons débuté l’étude sur l’empêtrement le 21 juillet, la terminant le 2 septembre ; or sur ces 43 jours d’étude, nous n’avons passé que 15 jours sur l’eau opérationnels avec l’équipe spécialisée de pilotage de drone. Ces 15 journées en mer nous ont permis de réaliser 13 heures et 03 minutes de temps de vol.

Nous avons utilisé un « Inspire 2 » de chez DJI, disposant d’une caméra 5.2K. L’an passé, nous avions opéré avec le « Phantom 3 » de la même marque. L’utilisation de nouveau matériel et d’une caméra à plus haute résolution cette année nous a permis d’obtenir des images de meilleure qualité, nous donnant plus de détails sur les marques présentes sur le corps des animaux. Cette amélioration a également augmenté le poids des fichiers enregistrés (à un taux d’environ 300 Mo par seconde, cela a abouti à près de 6 To de données!). Ces données sont ensuite analysées, en commençant par les classer par jour et par animal afin de les « matcher » avec notre catalogue de photo-identification et d’étudier le taux d’empêtrement des rorquals communs et bleus. 

 

drone

En rouge: les parties du corps les plus susceptibles d’accrocher les engins de pêche, et donc de porter des cicatrices. Les empêtrements dans du matériel de pêche laissent des cicatrices caractéristiques de frottement et d'enroulement. © MICS Photo

 

Lors de cette saison 2019, nous avons donc approché 107 animaux durant les opérations de vol. De ces approches, nous avons pu extraire un total de 576 images à partir des fichiers vidéo. De toutes ces images, nous avons identifié 48 individus, dont 44 avec un “set complet” de photos. Ceci veut dire que nous avons des photos de toutes les parties du corps: AVF (“Aerial View Front”), AVP (“Aerial View Peduncle”) et “Fluke” (queue). Ces données représentent environ la moitié de la taille de l’échantillon que nous avions espéré récolter cette année. Au moins trois animaux approchés possédaient des cicatrices d’empêtrements récents. Au cours des prochaines années, nous espérons d’augmenter la taille de notre échantillon. Après plusieurs années consécutives, nous étudierons le nombre d’animaux possédant de nouvelles cicatrices, ce qui permettra de quantifier le taux annuel d’empêtrement et ainsi comprendre l’ampleur du problème.

 

______________________________

 

 

Nous avons également eu l’occasion d’utiliser le drone afin d’observer d’autres espèces. Nous avons eu la présence de baleines franches (baleines noires) de l’Atlantique Nord dans notre secteur tout au long de la saison et avons eu la chance d’être témoins d’interactions entre deux individus : #3890 and #3810 (identifiés par le New England Aquarium aux USA). Grâce au drone, nous avons ainsi pu observer leurs comportements. Pour plus d’informations sur cette espèce, nous vous invitons à lire notre article : « Portrait d’une espèce en danger : La baleine franche de l’Atlantique Nord ».

 

narw

Interaction entre deux baleines franches (baleines noires) de l’Atlantique Nord, 2019 © MICS Photo