Début de saison à la station

Les internes sont enfin sorties de leur quarantaine! Après une semaine à camper dans la salle de projection du musée ou à vivre en tente sous la tour d’observation, à faire chauffer des repas en conserve sur un réchaud et à vivre les émotions fortes de leur initiation à la photo-identification de baleines en respirant à travers un masque, elles ont enfin pu retrouver leur liberté, test négatif en main et deuxième vaccin au bras. L’équipe forme maintenant une bulle en pleine santé au sein de laquelle nous vivons un semblant de retour à la vie normale.

Camping dans la cour de la station

Une fois les tentes pliées, il a fallu dépoussiérer la fameuse maison bleue du bord de la mer, qui n’avait pas été habitée par l’équipe depuis presque deux ans. En plus de passer un bon coup d’aspirateur et de déloger des araignées et leur toiles, des internes ont dû s’improviser plombières pour régler quelques petits pépins. Une fois les chambres choisies, la douche et les toilettes de nouveau fonctionnelles, et les plafonds séchés et remis en place, nous avons pu entrer dans la routine de la préparation de bons petits plats à la mijoteuse et apprécier à nouveau le confort de la vie du XXe siècle. (La maison n’a pas de wifi.)

Au garage, tous se sont activés pour remettre les bateaux en état de marche après plusieurs mois d’entreposage. Espacer des bougies d’allumages, tester des batteries, installer une antenne radio, souder des câbles, cirer des cordes d’arbalète, mémoriser des nœuds de marin et comprendre si des feux de détresse sont expirés ou non sont des compétences qu’on n’acquiert pas en faisant un baccalauréat en biologie, mais qui sont fort utiles pour qui veut aller en mer étudier les cétacés! On se retrousse les manches et on profite des connaissances que nous transmettent les membre de l’équipe les plus expérimentés, en tâchant de ne pas abuser de leur patience.

Apprentissage de compétences complémentaires à un baccalauréat en biologie

Les internes ont aussi beaucoup à apprendre sur le travail de bureau nécessaire au bon fonctionnement de la station. En plus de la comptabilité, des tâches administratives et de la vente et l’achat de pièces d’équipement, il faut faire l’identification de baleines à bosse photographiées en Gaspésie par nos collaborateurs et comparer une série de baleines bleues observées en Californie avec notre catalogue de photos prises dans la mer de Cortez au Mexique, se familiariser avec les protocoles de recherche, mettre à jour le site internet et préparer du matériel pour que le musée puisse être visité de façon autonome.

Nous avons enfin mis un bateau à l’eau et fait une première sortie cette semaine. C’était un baptême de la mer pour l’une des internes, et on a dû procéder au repêchage d’une casquette tombée à l’eau : voilà bien une erreur de débutant! Cette première journée a été l’occasion d’acquérir certains rudiments de météo, de sécurité nautique et de navigation, et d’apprendre à se repérer par rapport aux magnifiques îles Mingan, aux villages de la côte et à l’île d’Anticosti.

Au sud de l’île Nue, nous avons fait la triste observation d’un petit rorqual mort à la dérive, et avons documenté l’état de la carcasse en photos et vidéo. Nous n’avons pas pu déterminer les causes de la mort de l’animal, car il faudrait pour cela réaliser une nécropsie complète. Toutefois, il ne semble pas qu’il ait été victime d’un empêtrement dans un engin de pêche, car aucun cordage et aucune marque décisive n’a été observée. Un peu plus tard, nous avons vu un rorqual à bosse dont le lobe droit de la queue était abîmé. Nous avons d’abord cru avoir rencontré Dog Ear (H141), mais l’examen minutieux des photographies à notre retour a révélé qu’il s’agit d’un autre individu. C’est l’occasion de se rappeler qu’il ne faut pas sauter trop vite aux conclusions dans le feu de l’action! La nature de la blessure laisse penser qu’elle aurait été causée par l’hélice d’un bateau.

Depuis la plage, on aperçoit toujours de nombreux phoques gris et des petits rorquals, mais le début de la semaine nous a apporté toute une surprise, quand une femelle petit rorqual a été vue nageant avec son baleineau. Il est très rare de voir des jeunes de cette espèce dans le Saint-Laurent, mais la présence de ce couple mère-petit a été confirmée par un observateur expérimenté et par l’une des internes, qui malheureusement n’avait pas d’appareil photo avec elle à ce moment. Pour avoir raté l’occasion de documenter une telle observation, l’interne en question a été condamnée à gonfler seule les quatre bateaux pneumatiques avec la pompe manuelle.