Le projet de drones: Il est temps de prendre de la hauteur!
Ou comment évaluer le taux de cicatrices chez les rorquals communs
© MICS Photo
Le MICS a le plaisir d’annoncer le lancement d’un nouveau projet pilote de recherche en collaboration avec le Ministère de Pêches et Océans (MPO) et la companie de drones TerreSky pendant un an, afin d’évaluer le taux de cicatrices dues à l’empêtrement dans le matériel de pêche chez les rorquals communs.
Vous avez sans doute lu ailleurs — sur notre site et dans de nombreux articles — traitant des baleines franches (baleines noires), l’empêtrement est une des principales menaces pour les cétacés.
Les scientifiques du Anderson Cabot Centre for Ocean Life à l’Aquarium de la Nouvelle Angleterre ont publié une étude indiquant que 83% des baleines franches ont été empêtrées au moins une fois dans leur vie. Le Centre for Coastal Studies a estimé que plus de la moitié de rorquals à bosse ont été empêtrés.
Ces études sont basées sur la photo-identification (une des méthodes les plus courantes dans l'étude des cétacés), en prenant des photos des baleines et de leurs cicatrices.
Bien que l’on puisse trouver ces cicatrices n’importe où sur le corps, les cétacés on sont susceptibles de se prendre dans le matériel de pêche au niveau de la bouche, des nageoires pectorales, le long du pédoncule et de la nageoire caudale (la queue et la partie du corps précédant celle-ci). Ces zones du corps sont en général submergées la plupart du temps lorsque les baleines viennent respirer en surface.
Zones du corps les plus susceptibles de se prendre dans le matériel de pêche.
Rorqual à bosse empetré au niveau de la queue. Photo: © Ed Lyman, NOAA.
Les rorquals à bosse et les baleines franches sortent en général la queue lorsqu’elles plongent, exposant ainsi cette partie du corps, que les chercheurs photographient. Du coup, nous pouvons facilement observer les cicatrices d’empêtrement et évaluer le taux d’animaux empêtrés.
Pédoncules d'un rorqual à bosse (gauche) et d'une baleine franche (droite) montrant des cicatrices dues à l'empêtrement. © MICS Photo
Les rorquals communs, par contre, ne lèvent quasiment jamais la queue en plongeant, et seuls 17% des rorquals bleus de l’Atlantique nord-ouest le font. Il est donc plus rare d’observer cette partie du corps et de quantifier le taux de cicatrices pour ces espèces.
Occasionnellement, un rorqual commun ou bleu peut parfois lever un peu plus leur pédoncule hors de l’eau, nous permettant de prendre les photos suivantes:
Le rorqual bleu B207 en 2009, démontrant des cicatrices le long du pédoncule, à l'intersection avec la queue, et sur l'avant de la queue. © MICS Photo
Le rorqual bleu B112 en 2010, portant une incision profonde et relativement fraîche juste avant la queue. © MICS Photo
Pédoncule du rorqual commun F099 en 2009 (haut) et 2011 (bas). Une entaille qui avait bien cicatrisé a été réouverte et une nouvelle incision est apparue juste derrière, également profonde. © MICS Photo
Les plaies ouvertes et la peau erafflée sur le pédoncule de F100 en juillet 2011. Cet animal qui était régulièrement vu dans le Golfe du Saint-Laurent n'a pas été revu depuis. © MICS Photo
Après analyse de nos données de photo-identification, nous avons trouvé que la proportion d’animaux ayant déjà été empêtrés est haute (en savoir plus). Qu’en est-il donc des individus qui n’ont pas montré cette partie de leur corps? C’est là que le drone rentre en jeu.
Nouvelle technologie, nouvelle perspective
Les drones sont devenus de plus en plus courants et on leur trouve des applications dans nombreux domaines, dont la science. Dans notre cas, les images occasionnellement récoltées par des drones au cours de ces trois dernières années, nous ont donné une nouvelle perspective sur ces animaux que nous avons l’habitude d’étudier depuis la surface de l’eau. Certaines de ces images nous ont montré des cicatrices que le long du pédoncule et de la queue que nous aurions autrement manqué de voir.
Photo aérienne de drone montrant des cicatrices visibles sur l'un des animaux au niveau de la queue (marques blanches) ©Optik360/MICS Photo.
Le MICS a donc décidé de soumettre une proposition de projet pour voir s’il est possible d’utiliser des drones pour:
- identifier les individus de rorquals communs et bleus
- évaluer le taux de cicatrices
Cette étude se focalisera principalement sur les rorquals communs, dont l’occurrence dans notre aire d'étude est plus facile à prévoir, tandis qu’il est difficile de prévoir la possible occurrence de rorquals bleus, dont la présence dans le secteur demeure imprévisible depuis le début des années 1990.
Afin de procéder à ce projet, nous avons formé un partenariat avec le pilote expert de drones Ryan Rizzo et sa compagnie Poesis Media, pour nous aider à récolter et analyser les données pendant une saison. Nous espérons sincèrement que les résultats préliminaires seront concluants et que nous aurons la possibilité de poursuivre ce projet pour les deux années suivantes.
On vous tiendra au courant des développements sur notre site et via nos médias sociaux. En attendant, voici des images aériennes extraordinaires de rorquals communs prises par notre partenaire Ryan Rizzo de TerreSky!
©TerreSky/MICS Photo
©TerreSky/MICS Photo
©TerreSky/MICS Photo