Le Grand Retour de Nubbin!
“Nubbin” (ou B155, de son code officiel) est finalement de retour dans le Saint-Laurent après 34 ans d’absence!
B155 - "Nubbin" au large de Matane le 21 juillet 2018. Photo: René Roy.
En 1984, Richard Sears travaillait dans les eaux au large de Port Cartier, une petite ville le long de la Côte-Nord du Quebec, où le Golfe du Saint-Laurent commence à s’élargir. Six ans après sa création, le MICS avait déjà identifié plus de 150 rorquals bleus dans l’Atlantique Nord-Ouest. Parmi eux, B155. Cet individu a acquis le surnom affectueux de “Nubbin”, à cause de sa très petite nageoire dorsale. “Nubbin” en anglais veut dire “petite protuberance” ou “bourgeon” et pourrait être traduit “petit bout”.
B155 - "Nubbin" photographié pour la première fois en 1984 au large de Port Cartier. © MICS Photo
Les dorsales des rorquals bleus, comme pour beaucoup d'espèces de baleines, varient en taille et en forme. La dorsale de Nubbin frappe de par sa petite taille.
Les saisons de recherche de terrain estivales se sont succédées par la suite pendant des décennies, au cours desquelles les les chercheurs ont identifié un bon nombre de rorquals bleus, Certains étaient régulièrement revus, d’autres, comme Nubbin, ne furent plus jamais revus.
Lorsque Richard débuta ses recherches sur la population de rorquals bleus du Pacifique, en Basse Californie, dans la mer de Cortez au Mexique, il rencontra un autre rorqual bleu à la dorsal tout aussi petite, BB045, qu’il baptisa également Nubbin. Contrairement à son homologue de l’Atlantique, BB045 était un rorqual très régulier, qui était observé presque tous les ans.
BB045 - le "Nubbin" du Pacifique à Baja. © MICS Photo
Ce fut dont une très agréable surprise, lorsque Richard reçut un nouveau lot de photos de rorquals bleus cette semaine de la part de notre collaborateur René Roy, provenant de la même zone où le baleineau bleu avait été observé il y a une dizaine de jours, de voir que Nubbin est de retour dans le Saint-Laurent!
Carte montrant les positions d'observation de Nubbin © MICS
Ceci bat donc le record pour l’intervalle de temps le plus long entre deux observations, avec 34 ans d’écart. Alors, où est passé Nubbin pendant toutes ces années? Il n’est bien sûr pas exclu que nous l’ayons “loupé" pendant toutes ces années, particulièrement au debut de nos efforts de recherche. Cependant, il est peu probable que nous l’ayons loupé systématiquement pendant tant d’années, étant donné la quantité et l’étendue des efforts d’observation qui existent aujourd’hui dans le Saint-Laurent (chercheurs, observateurs, croisières, marins, pêcheurs,…). Peut-Être était-il dans une partie entièrement différente et non fréquentée du Saint-Laurent? Ou peut-être le long du plateau néo-écossais? Le long de monts sous-marins ou peut-être même plus au large? Ceci nous permet de mieux comprendre leur longévité et le temps qu’ils peuvent passer dans différents endroits du bassin océanique de l’Atlantique nord.
Nous ne connaissons pas encore le sexe de Nubbin, car nous n’avions pas encore commencé l’échantillonnage par biopsie en 1984. Dans tous les cas, nous allons pouvoir mettre à jour notre catalogue et ajouter une nouvelle photo de meilleure qualité pour Nubbin!
B155 - "Nubbin" au large de Matane en 2018. Photo: René Roy.
Note: Le MICS n’effectue plus de recherches dans la Mer de Cortez, mais on continue de recevoir des photos de rorquals bleus de la part de collaborateurs sur place.