Révéler les secrets génétiques des dauphins à flancs blancs de l’Atlantique et des dauphins à nez blanc

Parmi les grandes baleines majestueuses qui habitent les eaux au large de Longue-Pointe-de-Mingan, existent également de plus petits cétacés qui n'en sont pourtant pas moins dynamiques et mystérieux. Bien qu'ils ne suscitent pas toujours autant d'attention que les énormes baleines bleues et les baleines à bosse acrobatiques, les dauphins à flancs blancs de l'Atlantique (Lagenorhynchus acutus) et les dauphins à nez blanc (L. albirostris) sont parmi les mammifères marins les plus colorés et les plus énergétiques du monde aquatique. Malgré leur apparence qui attire le regard, on en sait relativement peu à leur sujet. On suspecte que les habitats et les aires de répartition de ces deux espèces se chevauchent en grande partie, s'étendant le long de l'Atlantique Nord et le long des côtes nord du nord-est de l'Amérique et de l'Europe occidentale. Dans l'Atlantique Nord-Ouest (ANO), le dauphin à nez blanc est généralement considéré comme étant plus nordique et pélagique par rapport au dauphin à flancs blancs, même si tous deux se retrouvent le long du plateau continental.

Les deux espèces on été observées à de nombreuses reprises dans le Golfe du Saint-Laurent. Sur la base des données d'observation du MICS, remontant à 1982, les dauphins à flancs blancs on été vus plus régulièrement, arrivant dans la zone majoritairement en Août et Septembre, suivant de très près les dauphins à nez blanc, qui sont observés surtout en juillet, et sont partis d'ici la mi-Septembre.

 

 

Les deux espèces sont relativement abondantes dans l'Atlantique Nord. Pourtant, on ignore encore beaucoup de choses au sujet des relations génétiques entre individus de la même espèce, et de part et d'autre de ce bassin océanique si étendu. En l'occurrence, peu d'individus de dauphins à flancs blancs ont été observés du côté atlantique de la Nouvelle Ecosse, indiquant potentiellement des populations génétiquement différentes pour le nord (le Golfe du Saint-Laurent) et le sud (le Golfe du Maine) de cette région. En ce qui concerne l'Atlantique Nord-Est (ANE), des études récentes ont montré une différence faible de structure de population pour les deux espèces dans les eaux britanniques et en mer de Norvège. Mais les scientifiques ne savent pas si les animaux de l'ANO sont dans le même cas ou sont composés d'une ou plusieurs populations génétiquement distinctes par rapport à leurs homologues de l'ANE. Des indices basés sur des données morphologiques, d'observation et d'échouage suggèrent que ces deux espèces ne sont pas regroupées dans une grande population panmictique (population homogène à travers une aire géographique définie où les chances de reproduction sont égales pour tous les individus). Cependant, très peu d'études génétiques ont été réalisées afin de corroborer ces hypothèses, en particulier dans l'ANO.

Du fait que ces dauphins peuplent des eaux nordiques relativement froides, il est possible qu'ils soient plus sensibles aux effets néfastes des changements climatiques. De plus, les taux de mortalité dans l'ANO pour ces deux espèces ont été attribués à la capture accidentelle par les pêches commerciale et récréative, et même à la chasse de subsistance à Terre Neuve, au Labrador et au Groenland. Face à ces menaces anthropogènes ou naturelles, il est important d'identifier la présence (ou absence) de populations distinctes afin de mieux comprendre les impacts que ces diverses menaces peuvent avoir sur ces animaux.

 

 

Nikki Vollmer, une post-doctorante au National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) et à la Smithsonian Institution tente d'apporter un peu de lumière sur les mystères génétiques de ces deux espèces de Lagenorhynchus. Dr Vollmer a déjà obtenu des centaines d'échantillons (d'animaux vivants ou échoués) sur la côte est des États-unis et collabore avec le MICS afin d'obtenir les tout premiers échantillons de dauphins du Golfe du Saint-Laurent. Curieusement, il a été suggéré que cet habitat semi-fermé puisse abriter une population génétiquement unique de dauphins à flancs blancs. Cependant cette hypothèse n'a jamais été étudiée et dans l'ensemble, sa recherche contribuera à une meilleure connaissance des populations qui sont particulièrement affectées par la pêche commerciale, aider à prévoir les impacts potentiels des changements climatiques, et ultimement, contribuer à de meilleures mesures de gestion et de conservation de ces animaux charismatiques.