Août 2010
Il est grand temps de revenir vous donner des nouvelles en ce milieu de saison au MICS. Depuis quelques semaines déjà, nous sortons régulièrement avec trois bateaux, un bateau de recherche et deux bateaux de visiteurs, nombreux à venir nous accompagner. Cela reflète aussi les affluences dans notre musée où l’on voit régulièrement les internes passionnés, suivis d’une vingtaine de curieux, tous à l’écoute pour en savoir plus sur le monde des mammifères marins et plonger dans les anecdotes et aventures vécues à travers la recherche au MICS.
Les sorties en mer restent régulières même si la météo parfois capricieuse nous ébouriffe par ses coups de vents et nous aveugle par ses nappes de brouillard, jours où l’on en profite pour avancer les travaux, notamment sur les photos et les données recueillies, à la station.
Ces derniers jours, nos trajets de retours de sortie sont plutôt sportifs mais les journées en mer restent belles et fructueuses. Les animaux sont actuellement à environ 1h30 de Mingan, notre point de départ aux aurores. En partant, chacun semble plongé dans ses pensées, concentrés, les îles de l’archipel de Mingan se découpent en ombres chinoises devant le soleil déjà haut dans le ciel, les nuages se reflètent sur une eau parfois métallique et tous les regards brillent d’espoir et d’excitation à l’idée de repérer, au loin, le premier souffle de la journée. Tel était le cas hier matin la visibilité était parfaite, les sourires étaient bien là, toutes les conditions étaient, dira-t-on, réunies pour vivre une riche journée. Et ce fut le cas. Le plan était de faire cap à l’est, les animaux y avaient été observés la veille puisqu’une tentative de partir à l’ouest s’étaient avérée un peu ’maigre’’ 2 jours avant. Trois rorquals à bosses y furent tout de même vus dont deux identifiés et connus du MICS. Nous poursuivons alors pour l’instant notre travail à l’est.
Hier (11 août), alors que nous avancions depuis plus d’une heure, le premier souffle blanc se découpait sur le fond bleu-gris de l’île d’Anticosti au sud. Cap sur cette nuée blanche, finalement plusieurs étaient visibles, près d’une dizaine, et annonçaient une journée plutôt dense, et c’est ce que nous avons vécu. Nous avons commencé le travail avec deux rorquals communs, une mère et son petit, ce dernier au dos parsemé de lésions blanches, vu quelques jours plus tôt et que nous désirons biopsier Mais le charme de leur mystère a opéré et jusqu’à notre départ de la zone en fin d’après-midi, nous ne les revirent plus Notre regard s’est alors tourné vers les baleines à bosses dont l’activité était particulièrement intense, elles restaient par groupe de quatre ou six, tournant, se frottant, émettant de nombreuses fèces rougeâtres que nous nous empressions de récolter. Quatre individus connus du MICS semblaient d’ailleurs rester ensemble Pseudo, Triad, A-Diego et Pythagore
Moby (H263) saluant le bateau
Riche tableau : alors que nous photo-identifions les baleines à bosses, rorquals communs et petits rorquals apparaissaient au second plan, les trois espèces proches les unes des autres. Entre deux périodes de respirations des rorquals à bosses, nous en profitions pour approcher, photographier et biopsier les petits rorquals, très nombreux eux aussi. Cela fait quelques jours qu’ils semblent se faire rares dans les îles et nous les observons régulièrement par groupes de deux ou trois au large. Une trentaine d’individus ont ainsi été vus, ils paraissaient plus curieux les uns que les autres. Combien de biopsies furent ’vaines’’ à cause de leur curiosité? Ils venaient en effet sous le bateau, ressortaient là devant, respiraient là à droite, leur corps était visible entièrement dans l’eau limpide. Notre travail s’est avéré tout de même fructueux avec 4 biopsies de petits rorquals et 2 de baleines à bosses. La lumière de l’après-midi nous a permis de poursuivre note travail avec les rorquals communs.
Queue de bosse avec chevron derrière
Le vent se levant, le temps fut venu pour nous de commencer le trajet retour, secoués par les vagues et de nouveau face au soleil qui perçait parfois aveuglément à travers la couverture nuageuse s’intensifiant.
Notons que les retours des jours précédents avaient connus leur dose d’aventure. Mardi, après une journée avec une visibilité très moyenne, le retour nous apporta une belle dose de ’fantastique’’. Alors que nous rentrions dans les îles, le brouillard vient nous enlacer, à tel point que les trois bateaux ont décidé de s’attendre pour garder un contact visuel. Twister, au milieu du brouillard aveuglant et silencieux fut rejoint par Sirocco, bateau de recherche de la journée puis par Mistral, avançant à tâtons
Les passagers à bord de Twister entendaient les bruit de moteurs s’intensifier, ils devinaient la destination du son mais aucune image
avant que les bateaux apparaissent en ombre floue au milieu de la brume et si proche d’eux
L’île aux perroquets était invisible, seule la pointe du phare au-dessus de la nappe de brouillard nous témoignait sa présence
Twister et Mistral dans le brouillard
Mercredi, ce furent les vagues qui apportèrent leur touche d’aventure à la journée avec un retour long et quelque peu éprouvant mais l’équipe était contente du travail effectué dans la journée auprès des baleines.
La saison est bien avancée maintenant, le travail reste intense tant sur l’eau qu’à la station et tout le monde est bien motivé pour la deuxième partie de l’été alors n’hésitez pas à venir nous rencontrer, c’est toujours un plaisir de partager nos expériences avec vous!