Les rorquals communs
Jusqu’à date, la saison 2005 nous a fourni des données très intéressantes en ce qui concerne les Rorquals communs (Balaenoptera physalus). Comme d’habitude, les Rorquals communs étaient les premiers grands cétacés observés dans la région de Mingan-Anticosti, quoiqu’ils soient arrivé relativement tôt et en grand nombre. Depuis la mi-juin, nous avons photo-identifié plus de 100 individus différents dont plus de 65 que nous avons pu apparier à des individus de notre catalogue. Le catalogue de Rorquals communs du MICS grandit sans cesse et compte maintenant plus de 375 animaux. Les Rorquals communs sont appariés en comparant leur nageoire dorsale ainsi que leur chevron. La forme, la taille, de plus que des encoches de la nageoire dorsale permettent de classifier un individu dans l’une de huit catégories distinctes. Le chevron est un motif de traits clairs du côté droit des Rorquals communs qui s’étend de l’évent jusqu’en arrière de la tête. Tout comme nos empreintes digitales ou la pigmentation caractéristique sur la queue d’un Rorqual à bosse, les traits clairs et foncés du chevron sont uniques pour chaque individus. L’étude des Rorquals communs entraîne toutefois certaines difficultés. Ils sont très rapides et puisque leur chevron est plus visible du côté droit, les chercheurs doivent être habiles pour les approcher. De plus, si la lumière n’est pas idéale ou si l’animale est à contre-jour, les détails du chevron ne seront pas assez définis et les photos ne pourront être utilisées pour faire une bonne identification.
Nous avons aussi observé un nombre inhabituel de mères avec leur jeune. Au courant d’une année normale, nous voyons un ou deux veaux de Rorqual commun; cette année, nous en avons observé 6 dans le secteur ! Au fil des années à venir, nous serons à la recherche de ces individus, en espérant qu’ils reviendront s’alimenter dans nos eaux. Toutes les informations amassées à propos de cette espèce nous aident à augmenter les connaissances sur leur structure de population ainsi que leur histoire naturelle.
La photo qui suit est de F239, un des veaux de cette saison, montrant son chevron.
Une autre observation inhabituelle fut celle d’un Rorqual commun qui sondait en sortant sa queue. Par opposition aux Rorquals à bosse, aux Baleines franches et aux Cachalots, les Rorquals communs ne sortent leur nageoire que très rarement avant d’effectuer une descente. Les individus qui ont été observés à le faire avaient généralement la nageoire caudale sévèrement blessée ou sectionnée. L’action de sortir la queue au moment de plonger leur permet donc d’ajouter le poids nécessaire au-dessus du centre de gravité afin de compenser un déficit de puissance de la queue. L’individu que nous avons vu cette semaine, par contre, n’avait pas de blessures apparentes. Il a sorti sa nageoire caudale à quatre reprises. Ce comportement est si rare que cela a surpris les membres d’équipe qui avaient déjà baissé leur appareil photo ! La photo que vous voyez a été prise par Jean-Philippe Perron, un photographe amateur de Lachute qui s’était joint à nous lors d’une excursion à la journée. C’est grâce aux réflexes de Jean-Philippe que cette image rarissime à pu être prise.
Malheureusement, nous avons aussi pu documenter des indices d’une menace croissante dans le Golfe du Saint-Laurent. En une semaine, nous avons observé deux Rorquals communs qui ont de graves cicatrices dûes à des hélices de bateau. Les collisions de bateaux avec des cétacés peuvent être fatales. Une collision peut causer la mort d’une baleine directement ou indirectement par les infections ou la perte de mobilité qui en résultent.
Le MICS a été très visible dans les médias dernièrement. Nous avons reçu beaucoup d’attention par l’entremise d’entrevues radios et dans la presse écrite à propos du récent désempêtrement de Rorqual à bosse. De plus, une équipe de TVA s’est joint à nous cette semaine pour filmer nos recherches avec les Rorquals communs. Voici quelques liens qui témoignent de l’attention médiatique reçue par la Station ces derniers jours.
31 juillet 2005
La semaine a été plutôt tranquille à cause des grands vents et des avertissements aux petites embarcations ! Le temps que nous avons passé à la Station a évidemment été très productif. Nous avons pu avancer sur l’analyse des données recueillies cette saison, réévaluer nos protocoles d’observation, mettre la banque de données à jour, rédiger notre guide sur les Rorquals à bosse les mieux connus, ainsi que faire le compte rendu de nos travaux de terrain en Basse Californie au Mexique.
Lors des quelques sorties en mer que nous avons effectuées cette semaine, nous avons observé des Rorquals à bosse que nous connaissons depuis plusieurs années. Nous avons ainsi pu suivre Siam (H007), un vieux mâle qui a été le tout premier Rorqual à bosse à avoir été photo-identifié dans le Golfe du Saint-Laurent. Il a passé deux jours accompagné de Splish (H002) ainsi qu’un troisième individu que nous n’avons pas encore identifier. Splish est la première femelle de notre catalogue de Rorqual à bosse; nous la connaissons depuis 1979 ! Nous avons aussi observé Dog-Ear (H141) qui était accompagnée d’un jeune.
Dog-Ear, qui fût baptisée de ce nom anglais à cause du lobe droit de sa queue qui ressemble à une « oreille de chien », est bien connue du MICS depuis 1988.

Grâce à une biopsie effectuée il y a plusieurs années, nous savons qu’elle est une femelle, mais nous ne l’avions jamais vu avec un veau auparavant. Nous espérons que Dog-Ear se joindra à la liste des femelles qui reviennent dans notre région du Golfe tous les deux ou trois ans avec un nouveau jeune. Il y maintenant 7 mères avec leurs petits Rorquals à bosse dans le secteur Mingan-Anticosti et 13 paires dans la région de Blanc-Sablon. Nous n’avons malheureusement pas pu retrouver la baleine de la semaine dernière qui fût victime d’empêtrement.
Kathleen Black et Kristine Puspurs de la Fondation Quebec-Labrador ont organisé un camp-de-jour pour les enfants cette semaine.
Huit jeunes, la plupart de Longue-Pointe-de-Mingan, ont participé pendant quatre jours aux activités reliées à l’environnement et à la conservation. Le camp comportait une sortie d’une demi-journée dans les îles, des jeux, du bricolage, une interprétation du musée du MICS, une cueillette de vidanges sur la plage et des activités éducatives pour découvrir la nature de la Minganie.